David Daney
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Co-bot BeBop
Avant, l’essentiel des robots étaient soit dans l’industrie, soit envoyés dans l’espace ! Aujourd’hui, ils ont leur place à nos côtés tous les jours. Il est nécessaire de remplacer l’humain au centre du processus de production.» avance David Daney. Ce roboticien de formation nous explique les défis de la robotique moderne. Il n’hésite pas à qualifier notre période de «révolution» alors que les droïdes se multiplient dans le monde du travail. «Ce qui m‘intéressait c’était de prendre en compte l’humain dans la conception des robots, son bien être, sa cognition, en fin de compte, l’ergonomie.»
Bien que les humains ont su, ces dernières années, se familiariser avec les machines, le chercheur pense qu’il est nécessaire de «rendre les travaux les moins pénibles possibles». L’objectif est d’augmenter la productivité et de la qualité de fabrication, tout en réduisant les contraintes de la tâche. Ce vaste programme a un nom : «la robotique collaborative» et ses enfants sont appelés, «co-bots».
Concevoir et adapter
Un tel projet ne peut pas aboutir à une production en série. Il demande d’adapter le robot à son utilisateur et à la pratique. La première étape consiste à évaluer le type de tâche. «Imaginer les capacités physiques que le robot doit avoir demande beaucoup de calculs mathématiques» explique David Daney.
Le co-bot est là pour assiter le travailleur, il doit pourvoir «l’aider, sans le géner». AUCTUS essaye de faire le lien entre les types de travaux et la cognition physique de l’humain, mais pas seulement ! «A tout cela s’ajoute la redondance d’actionnement, nous avons analysé que la fatigue de l’opérateur peut venir du manque de variance dans ses mouvements» précise le chercheur. Aussi, David Daney essaye de faire en sorte que l’utilisateur ait plusieurs manières de faire une même action. «On évite la redondance pour le bien être du travailleur». En fonction de l’utilisateur, et de sa morphologie, les co-bots seront hautement personalisés pour correspondre au mieux à son partenaire de labeur.
«On évite la redondance pour le bien être du travailleur»
Accepter son co-bot
C’est là le véritable défi. Comment faire en sorte que le travailleur accueille un compagnon mécanique dans son quotidien ? Même si une grande partie est favorables à la technologie, la crainte de la perte de l’emploi persiste. «Il n’est jamais question de remplacer l’humain !» affirme le chercheur, «Le co-bot n’existe pas sans l’humain qui peut l’actionner, il est là pour l’assister». Mais cette peur ne constitue pas la seule réserve concernant l’acceptation du droïde. «les gens sont méfiants car ils ne connaissent pas les mouvements du robot, il faut du temps pour s’y familiariser».
David Daney explique que son équipe essaye, lors de la programmation, d’incorporer des conventions sociales humaines aux mouvements du robot. De cette manière, il est plus facile pour l’utilisateur de l’accepter. «Notre société conditionne quels mouvements sont considérés normaux ou non, nous essayons de coller à ces normes». Tout cela ne se fait pas en jour et travailler avec un robot n’a rien d’intuitif, pointe le chercheur : «aujourd’hui, utiliser un smartphone ou un ordinateur nous parait tout à fait intuitif, mais c’est faux. Cela a demandé une vingtaine d’années d’apprentissage pour comprendre ce qu’était un curseur ou un dossier.»
David Daney n’a pas tari d’explications sur les programmes d’AUCTUS. C’est quand il a fallu parler de lui que les choses se sont compliquées ! «J’avoue que je ne sais pas quoi dire» confesse t-il. Le chercheur nous explique que ces projets occupent une place importante dans sa vie. «J’aime passer du temps avec mes amis et ma famille, mais malheureusement mon travail est très prenant…» déplore David Daney. Après un petit temps d’hésitation : «Pour ne rien vous cacher, il m’arrive programmer pour me détendre !» rigole t-il. «Cela reste ma passion alors parfois le vendredi soir, je programme avant mon week end, et ça, honnêtement, c’est un vrai bonheur !»
Vincent DRAGON
David Daney est chercheur et responsable de l’équipe-projet AUCTUS à Inria. Ce roboticien de formation reste, même aujourd’hui, très attaché à sa passion d’origine : la programmation.