Myriame Ali-Oualla

Myriame Ali-Oualla
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Du social dans l’espace

Myriame Ali-Oualla est architecte diplômée d’État et docteure en sociologie. Elle étudie les controverses autour de l’installation de dispositifs de rénovation énergétique. 

« J’aime raconter des choses par l’image. Même quand je ne fais pas d’architecture, je dois créer autrement ». C’est sans doute sa passion pour les arts visuels qui a amené Myriame Ali-Oualla à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux

Après avoir obtenu son diplôme, Myriame s’est orientée dans un premier temps vers une carrière de praticienne en architecture. Ses premières immersions en agence se sont toutefois révélées peu concluantes : « J’ai réalisé que les temporalités sont effarantes : on doit être dans la productivité, on doit répondre à des marchés et essayer de survivre en tant qu’architecte. Quand est-ce qu’on prend le temps de se questionner sur les besoins des gens ? Quelle est la place de l’habitant et de l’habitante dans cette histoire ? »

C’est ainsi qu’elle décide de se réorienter vers un doctorat en sociologie, « J’aime beaucoup écrire, l’idée de raconter l’histoire d’une population, d’habitants en général me plaisait beaucoup et me permettait de voir comment on produit l’espace autrement. »

Lors de sa thèse, elle s’est intéressée à plusieurs populations marocaines en situation de migration et leur rapport différencié à l’espace. Cette première plongée dans le monde de la recherche a donné l’occasion à la jeune chercheuse d’approfondir une question qui la passionne : comment les interactions sociales s’inscrivent dans l’espace ?

Rénovation thermique et architecture contemporaine remarquable 

Cette thématique est toujours au centre des travaux de Myriame aujourd’hui. Elle réalise un postdoctorat en partenariat avec les laboratoires PAVE (Profession Architecture Ville Environnement) et GRECCAU (Groupe Recherche Environnement, Confort, Conception Architecturale et Urbaine). Cette recherche vise à étudier les conditions de possibilité d’une rénovation thermique par un dispositif innovant – la double peau ventilée – de bâtiments du 20ème siècle classés comme Architecture Contemporaine Remarquable, un label destiné à protéger ce patrimoine. 

« Même quand je ne fais pas d’architecture, je dois créer autrement »

Au sein de cette démarche, son rôle est double : construire un état des lieux des projets utilisant cette innovation et étudier l’acceptabilité sociale de ceux-ci. « Il s’agit d’interroger les acteurs autour de la mise en place de ce dispositif. Quelles sont les controverses, les polémiques, les discours des acteurs, des élus locaux, des contremaîtres, des habitants »

En effet l’installation d’un tel dispositif, recouvrant l’intégralité d’une façade d’une double paroi vitrée, n’est pas sans conséquence sur le bâtiment et ceux qui le fréquentent : impact psycho-social, risque de surchauffe en été, etc. Les controverses soulevées par ces installations sont diverses. Si certain·es élu·es soutiennent ces solutions en faisant valoir l’image d’innovation technologique et environnementale que ces rénovations véhiculent. À l’inverse, des architectes souhaitant défendre un patrimoine peuvent s’y opposer en faisant valoir que « la solution ne tient pas forcément à l’installation de dispositif unique. Selon eux, il faudrait penser à plus grande échelle le problème, en essayant par exemple de réduire les îlots de chaleur. » 

Cette démarche vise à élaborer une méthodologie d’intervention : « Comment on évalue la valeur d’un patrimoine ? À partir du moment où on évalue que ce bâtiment a une certaine valeur, comment intervenir dessus ? Quels sont les autres acteurs qu’on peut intégrer dans cette réflexion ? » Toutes ces étapes permettront à terme de se prononcer sur la pertinence du dispositif dans une situation donnée.  

C’est chez elle que Myriame s’est livrée à l’exercice difficile de la rédaction de sa thèse « carburant au thé et accompagnée d’une playlist spécialement dédiée à la rédaction en posant des limites strictes entre temps de travail et temps de détente. » Aujourd’hui, elle alterne entre cet environnement et celui de son bureau, « pour les interactions amicales et pour le trajet matinal en vélo. »