Artivisme citoyenPar Bonnie / 25 novembre 2021 18 janvier 2022 L'artivisme citoyen “[...]nstruos[...]”. Ce reste de collage survit sur un mur près de la place Camille Jullian, à Bordeaux. Il représente le collage d’un visage humain et semble inviter le ou la passant·e à questionner son humanité. Le street art tire ses origines de plusieurs courants, comme par exemple au Mexique, où de nombreuses peintures murales apparaissent après la révolution de 1910.À une intersection de rues bordelaises, un collage représentant une femme qui crie. Elle commence à être recouverte de graffitis. Cette technique rappelle le début du street art dans les années 1960 à Philadelphie, aux Etats-Unis. Souffrant d’une grande timidité, l’artiste Cornbread écrit sur les murs de son quartier l’inscription « Cornbread Loves Cynthia », alors qu’il n’osait pas déclarer sa flamme à la femme dont il était amoureux.Rue du Mirail à Bordeaux, le trottoir est pavé, mais abîmé : pour le réparer, il a été orné de mosaïques. Visibles dans d’autres villes, comme Lyon par exemple, ces tessons servent à embellir et mettre en lumière l’espace public dégradé. L’artiste lyonnais Ememem a fait de cet art son cheval de bataille, qu’il nomme le flacking.Alber, artiste girondin, expose ses grands aplats colorés sur les portes de garages ou les rideaux de fermeture des magasins de Bordeaux. Se considérant avant tout graffeur, il se passionne pour le graffiti à 15 ans pour le plaisir de peindre et l’ivresse de la liberté.Un chrysanthème rouge collé sur le mur de la rue Mullet à Bordeaux fait face au collage incomplet “patriarcr[...]”. Art urbain mais aussi outil militant, le collage féminisme est né à Marseille en 2019 pour sensibiliser aux féminicides. Il a aujourd’hui gagné de nombreux pays, et permet de dénoncer les violences faites aux femmes ainsi que d’autres luttes sociales, LGBTQIA+ ou antiracistes.Au quartier des chartrons de Bordeaux, des adeptes des sports de glisse se réunissent au skatepark décoré de tags et de peinture murale. Lieu de rencontre, l’art urbain et le skateboard ont en commun la réappropriation de l’espace public, l’insurrection et la liberté d’expression, d’après le spécialiste David A. Ensminger, dans son ouvrage “Visual Vitriol : The Street Art and Subcutures of the Punk and Hardcore Generation”.Entre la gare et la victoire, les peintures de David Selor font vivre le personnage de l’artiste. Baptisé “Mimil”, celui-ci délivre des messages implicites, entre humour et légèreté. En 2013, l’artiste est allé faire un service volontaire européen au Portugal dans un centre qui accueillait des personnes autistes. Mimil serait né de cette rencontre.Prenant place dans l’espace public, l’art urbain suscite admiration mais est aussi l’objet de critiques. Comme ici, il peut être l’œuvre d’une demande et est donc légal. Toutefois, certaines pièces artistiques peuvent être qualifiées de vandales lorsqu’elles auraient pour volonté la simple dégradation du mur.Tout comme pour le skateboard, l’art urbain réunit plusieurs communautés alternatives. Depuis 2019, le bar-restaurant brésilien, le Central do Brasil, est un des lieux de rassemblements de drag queen, king ou autres créatures de Bordeaux. Situé en bordure des quartiers populaires de Saint-Michel et de Sainte-Croix, cet endroit présente de nombreuses fresques à l’extérieur comme à l’intérieur.Un autre visage de l’artiste Alber. Cachée derrière les arbustes et les fleurs rouges, cette fresque se situe rue Kléber à Bordeaux et fait partie du grand nombre d’œuvres urbaines qui recolorent ce quartier délabré. Alber expose ses personnages sur des façades dégradées, comme pour mettre en avant à la fois l’état du quartier et la présence de ses habitants. Retour au journal