Bruno Castelle

Bruno Castelle
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surveillant de la côte aquitaine

Responsable de l’équipe METHYS (Modélisation Et Télédétection en Hydrodynamique Sédimentaire) du laboratoire de recherche EPOC (Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux), Bruno Castelle est spécialisé dans la dynamique physique des littoraux et mène des recherches en interaction avec l’Observatoire de la Côte Aquitaine.

« À chaque secteur, il y a une problématique et un diagnostic particuliers » résume Bruno Castelle en évoquant le littoral aquitain. Chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), il est issu d’une formation océanographe-physicien et a obtenu sa thèse à l’université de Bordeaux (UB). Il est spécialisé dans l’étude des vagues, des courants  et du transport sédimentaire, c’est-à-dire comment certaines particules, comme les sables par exemple, sont transportées dans les masses d’eau. Plus concrètement, il développe des outils pour prévoir l’évolution du trait de côte et les aléas naturels, les deux principaux étant l’érosion et la submersion marine, notamment sous les effets du changement climatique. « Le littoral de la Nouvelle Aquitaine est particulièrement sensible à ces aléas car situé au fond du Golfe de Gascogne. Il est donc très exposé à des tempêtes et vents énergétiques qui viennent de très loin. De plus, le littoral est surtout composé de côtes sédimentaires, l’érosion y est très forte » précise le chercheur, tout en rappelant qu’en parallèle, le changement climatique va accroître ces aléas naturels.

La modélisation numérique au service du littoral aquitain

Pour prévoir l’évolution du trait de côte notamment dans le cadre du changement climatique, « on essaie d’abord de développer des outils qui permettent de simuler de manière rétrospective ce qu’il s’est passé, puis diagnostiquer ce qu’il s’est passé et ce qu’il se passe actuellement » explique Bruno Castelle.

Ces modèles reposent sur des équations complexes qui ne peuvent être résolues que numériquement. « Dans la modélisation numérique, le plus important est d’avoir des données pour pouvoir contraindre les modèles, les valider, et les améliorer. » Ainsi, le chercheur et ses collègues multiplient les mesures. Campagne ponctuelle de quelques semaines sur une plage, modélisation physique sur modèle réduit en laboratoire, utilisation des satellites ou de drones, les outils pour récolter les données sont nombreux. En parallèle, le chercheur est très impliqué dans les dispositifs d’observation, qu’ils soient régionaux ou nationaux. « Les données d’observation représentent toutes les mesures acquises sur le terrain sur le long terme et de manière récurrente.

« Actuellement la qualité des océans est fortement dégradée par des facteurs incroyablement nombreux et une des plus visuelle est la pollution plastique. »

Nous avons pour cela des sites localisés le long de la côte, comme la plage du Truc Vert au Cap Ferret, où nous allons mesurer le même paramètre sur la durée. » Le travail qu’il réalise s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire de la côte Nouvelle-Aquitaine, un laboratoire sans mur où les experts de différents organismes partagent leurs données et les résultats de leurs expériences. « Ce travail d’observation permet de donner les connaissances nécessaires aux décideurs politiques, pour que ceux-ci puissent optimiser leurs stratégies d’adaptation. L’un de nos objectifs est aussi de proposer des solutions innovantes et alternatives. » C’est ce à quoi le chercheur a contribué dans le cadre du comité scientifique interdisciplinaire Acclimaterra.

Des solutions fondées sur la nature face au changement climatique

Originaire de La Rochelle, Bruno Castelle prend l’exemple de cette ville côtière, où « depuis des centaines d’années, les zones ont été poldérisées, c’est-à-dire que l’homme a avancé dans les marais salants, puis y a construit des digues et a asséché les marais, pour pouvoir faire des champs et construire des villes. »

De plus, l’augmentation du niveau marin dûe au changement climatique devrait causer de plus en plus d’épisodes de submersion marine. Mais les digues construites pour prévenir ces inondations empêchent l’eau de s’étaler. Celle-ci va alors s’empiler, causant de nombreux dégâts. « Dans ce type d’environnement, ce que les simulations numériques suggèrent, c’est qu’il faudrait plutôt détruire certaines digues pour en fait restaurer ces marais littoraux dans certaines zones. On pourrait ainsi restaurer les écosystèmes salants (zones de nurserie pour les poissons et d’habitat pour les oiseaux migrateurs), mais surtout, lors des épisodes de submersion marine, les marais vont agir comme des grandes plaines d’inondation. » Cela aurait pour effet de réduire la submersion des littoraux adjacents où il y a potentiellement des villes et donc des enjeux humains. Même si la mise en place de ces solutions peut s’avérer compliquée, dû à la nécessité de relocaliser les populations sur place, le chercheur souligne que « ces solutions fondées sur la nature qui s’appuient sur la restauration des écosystèmes permettent de réduire les risques naturels et les effets du changement climatique dans de nombreux secteurs (montagne, forêt, littoral). » Une lueur d’espoir face aux effets du changement climatique ?

Eva-Marie LECOMPTE

« Le lieu où je me sens le mieux pour travailler ? Je dirais sûrement le bâtiment B18, là où je peux avoir des discussions informelles avec les étudiants ou les collègues. J’aime cette émulation collective. »