Mohamed Mosbah

Mohamed Mosbah
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Le numérique au service de la mobilité dans la métropole

Pour aider les cerveaux humains, Mohamed Mosbah, enseignant-chercheur et fondateur de la Chaire Mobilité et Transports Intelligents, se tourne vers l’ingénierie numérique pour résoudre les problèmes de transports et de mobilité. Les applications de ses recherches actuelles en informatique contribuent directement à la mise en place de solutions dans des villes comme Bordeaux.

« La question des transports, et plus largement de la mobilité, nécessite aujourd’hui d’être repensée. Avec les nouvelles technologies, le numérique, et notamment les systèmes de transports intelligents (ITS), nous pouvons envisager de nouvelles solutions prometteuses », affirme Mohamed Mosbah, enseignant-chercheur à Bordeaux INP. L’ingénierie numérique est au cœur des recherches menées au sein de la chaire qu’il dirige depuis deux ans à l’ENSEIRB-MATMECA (école supérieure d’électronique, informatique, télécommunications, mathématiques et mécanique de Bordeaux INP). Baptisée « Mobilité et Transports Intelligents », cette chaire, adossée à la Fondation Bordeaux Université, est le fruit d’un partenariat entre des établissements et des entreprises : Bordeaux INP, l’université de Bordeaux, Keolis, Bird, Egis, Gertrude, Geosat, Neogls et l’université Gustave Eiffeil.

Agir pour la sécurité

Avec cette chaire, l’équipe de Mohamed Mosbah et Keolis Bordeaux Métropole, un des mécènes financiers, cherchent des solutions pour améliorer la sécurité routière de la métropole bordelaise. « Au-delà de leur implication financière, les mécènes de la chaire permettent aux étudiants et aux chercheurs d’avoir accès à leur expertise, à des informations concrètes sur les différents usages en matière de mobilité et aussi sur les besoins en termes de formation », précise le chercheur, qui est aussi le vice-président du numérique de Bordeaux INP. Cet ancien ingénieur, ayant effectué des recherches dans le domaine de l’aéronautique, s’en inspire pour ses travaux. Par exemple, les avions ont une conduite semi-automatisée grâce aux informations reçues par le biais de la perception augmentée. Cette méthode consiste à utiliser des technologies avancées telles que des capteurs, radars, lidars, caméras, et des algorithmes pour mieux interagir avec l’environnement. Il essaie d’appliquer la même technologie aux transports en commun ou aux voitures.

À titre d’illustration, l’enseignant-chercheur, avec ses étudiants, a modélisé le rond-point « Arts et Métiers » à Talence qui donne accès au campus de sciences de l’université de Bordeaux.

Ce rond-point est dangereux car il y a beaucoup de trafic : le tramway, les voitures, les piétons, les trottinettes et les vélos se croisent dans toutes les directions sur cet espace. L’objectif est de réduire les possibilités d’accidents en utilisant une solution numérique. Avec des technologies de communication récentes, des antennes peuvent être installées pour transmettre des signaux aux transports connectés. Ces signaux seront envoyés à tous les transports capables de les recevoir : tramway, voitures, trottinettes, etc. « Aujourd’hui, le tramway avance à vue, c’est-à-dire que le conducteur n’a conscience du danger qu’en arrivant sur les lieux. Avec le numérique, nous pouvons envoyer des informations en temps réel au conducteur pour qu’il sache qu’il doit s’arrêter pour cause de danger », explique Mohamed Mosbah.

« Nous avons pu prouver que si nous mettions en place une solution basée sur le numérique, nous diminuons les accidents de 80%. »

Ce rond-point est un cas d’usage pour les chercheurs et étudiants. « Nous avons pu prouver que si nous mettions en place une solution basée sur le numérique, nous diminuons les accidents de 80%. C’est le résultat d’une étude qui vient de faire l’objet d’une publication scientifique. » Dans la chaire Mobilité et transports intelligents, les chercheurs ont donc deux objectifs liés : contribuer à la connaissance et fournir des solutions immédiates. Il y a donc une partie théorique et une application pratique au sein de la recherche.

Des expériences en dehors des laboratoires

« Il faut dire que les usagers du campus universitaires utilisent encore beaucoup la voiture et qu’il est très difficile de trouver une place pour se garer, et la question est de savoir comment peut-on trouver une solution par le biais de nos travaux à ce problème ? », questionne Mohamed Mosbah.

Une plateforme d’intermodalité est à l’étude pour une expérimentation réelle en 2022. L’objectif est que les usagers des campus puissent prendre une combinaison de moyens de transports qui permettent de mettre autant de temps qu’en voiture. « Nous savons que le dernier kilomètre est souvent la difficulté pour les étudiants pour faire la connexion entre le transport en commun et leur destination finale. » En effet, la largeur du campus est plus difficile à parcourir que la longueur. Par exemple, le trajet d’un kilomètre environ pour rejoindre Bordeaux Sciences Agro ou l’IUT depuis un arrêt de tramway est difficilement réalisable. « Avec des partenaires et notamment Bird, une des pistes à l’étude est de développer des trottinettes connectées. Grâce à des techniques basées sur l’intelligence artificielle, la trottinette pourra recevoir en temps réel des informations sur les transports en commun aux alentours. Cela permettra d’avoir une connexion facile jusqu’au tramway sans perdre de temps », commente l’enseignant-chercheur.

Cette expérimentation réelle au sein d’un des plus grands campus d’Europe permettra de tester la micromobilité comme une des leviers pour la transition écologique. « La circulation représente 30% des gaz à effets de serre. Avec ce projet, nous contribuons à tendre vers une décarbonsation de la circulation et plus largement au développement durable. Si cette solution est développée sur le campus bordelais et que le concept fonctionne, les industriels vont sans doute s’approprier ces trottinettes ».

Léa CABROL

« Je me sens bien pour travailler dans mon bureau et dans le laboratoire. Entouré de mon équipe, nous avons la possibilité d’échanger et de croiser nos recherches. C’est un élément important pour faire avancer la recherche. Pensez librement, contribuer à l’avancée des connaissances et proposer des solutions concrètes pour un sujet de société important sont les points forts de ma motivation pour ce métier. »